Quand les prairies remplacent la chimie
« La soixantaine de montbéliardes et de jersiaises broutent directement l’herbe au champ, une herbe que je n’ai plus besoin de récolter moi-même. Cela permet de réduire les coûts de mécanisation pour récolter, stocker et distribuer. Cependant, avoir de belles prairies, c’est du temps de travail : je déplace régulièrement les vaches sur les 80 hectares de l’exploitation et re-délimite les enclos pour permettre à l’herbe de repousser après leur passage », explique Jean-Paul Pichaud.
La prairie : un écosystème contre les « mauvaises herbes »
Une prairie se développe sur plusieurs années et permet aux différentes plantes qui la composent, de trouver un équilibre, évitant ainsi le développement des espèces trop invasives. « Lorsque le maïs est implanté après une prairie de cinq ou six ans, il me suffit de désherber mécaniquement, au lieu d’utiliser du glyphosate », détaille Jean-Paul Pichaud.
Moins d’antibiotiques et une meilleure protection des sols
Qui dit prairies riches et diversifiées, dit aussi alimentation de qualité et équilibrée pour les animaux. On parle alors de pâturages thérapeutiques. « Certains végétaux ont des vertus médicinales et permettent de réduire l’utilisation de produits allopathiques déjà très encadrée en agriculture biologique », assure Jean-Paul Pichaud.
Les prairies permettent également de protéger les sols des aléas climatiques. Elles-mêmes sont préservées « notamment grâce aux haies qui protègent du vent et de la sécheresse. En partenariat avec un lycée agricole, près d’Angers, nous multiplions les arbres autours des parcelles avec différentes essences locales (chêne, frêne, érable, châtaignier, cormier…) », conclut l’agriculteur qui propose volontiers son exploitation comme support pédagogique grandeur nature à l’enseignement agricole.
Toutes les prairies ne se ressemblent pas
Il existe différentes praires composées de dactyle, fétuque, ray-grass anglais, pâturin des prés, fléole, trèfle blanc, luzerne, lotier corniculé… Jean-Paul Pichaud indique qu’il faut « choisir les espèces en fonction de la nature des sols (humides, secs) et du mode d’utilisation pour l’alimentation des vaches (pâturage, foin, ensilage) ».
Pour trouver la bonne combinaison, l’éleveur a acquis des connaissances auprès du Centre d’Initiatives pour Valoriser l’Agriculture en Milieu rural du Maine-et-Loire (CIVAM 49). Il partage aujourd’hui son savoir avec d’autres agriculteurs adhérents qui veulent se passer de chimie.
« Grâce aux échanges avec cette association, j’ai pu perfectionner des mélanges de plantes pour maîtriser les herbes indésirables et améliorer la structure du sol », précise-t-il.