Bilan de l’année 2022 chez les Brebis Anjouées
Il y a quelque temps nous nous interrogions sur la pertinence de notre calendrier.
Pour nous, la nouvelle année commence maintenant avec le tarrissement de nos brebis.
Nous sommes donc en l’an 6 de notre vie paysanne et non pas en 2022 de la naissance
d’un parfait inconnu. Un bilan de l’année s’impose donc. Ce fut une année rude, marquée
par un yoyo émotionnel.
Tout d’abord, la fierté de nous associer au sein d’un GAEC avec Marguerite au 1er
janvier. La ferme compte désormais 2.5 UTH, 2 associés et un mi temps salarié (Alice).
Comme quoi le projet de l’agriculture paysanne est porteur d’emploi puisque notre élevage
ne s’étant que sur 35ha à contrario des structures voisines qui pour le même nombre
d’actifs s’étalent sur 100 à 300 ha …
Puis, la joie d’accueillir Céleste en janvier. Né à la maison quelques jours avant le
début des agnelages, ce petit bonhomme va très bien et nous ravit par ses sourires.
Arrivera ensuite, la panique après une chute fin février qui me vaudra 4 mois
d’arrêts de travail pour fracture. Période peu propice au repos puisque c’est justement là
que notre année se joue avec le pic de la lactation. Marguerite prendra les rennes,
accompagnée d’Alice, elles relèvent le défis puisque jusque là bien des taches n’étaient
pas déléguées. Transition violente et forcée surtout pour une jeune maman toute nouvelle
associée qui n’aura pas eu de congé maternité… L’activité ne s’en trouvera que peu
impactée grâce à sa détermination. Un grand merci à toutes les personnes qui nous ont
aidé dans cette période complexe, familles, ami.es, tutrices … Votre solidarité nous à fait
chaud au coeur. C’est aussi dans ces moments là (comme pour le covid) que l’on sent
toute la force et l’humanité des amap. Qui d’autre pour vous proposer en toute modestie
son aide à la maison, au quotidien ?
La fierté à nouveau quand en mai/juin nous réalisons les foins par nos propres
moyens. En 2022 nous avons fait le choix de nous équiper en matériel de fenaison, un pas
de plus vers l’autonomie. Jusqu’à maintenant ce travail était délégué à des fermes
voisines contre 50% du fourrage. Ce fut un choix judicieux au vue des faibles rendement
de cette saison.
Succédera l’angoisse durant tout l’été avec ces terribles vagues de chaleurs.
L’inquiétude de voir les panaches de fumé à l’est se maintenir pendant plusieurs jours. Le
soulagement quand enfin la pluie vient. Conscient que nous sommes bien lotis dans notre
petite vallée humide et bocagère. Toutes les 3 semaines nous avons eu de belles averses
permettant de maintenir nos prairies verte entre deux canicules. Ainsi nos animaux n’ont
pas manqué d’herbes en pâturant toutes les nuits. Ici encore une certaine forme de
sérénité se dégage malgré un climat qui s’emballe. Nos choix semble porter leurs fruits,
système herbager, polyculture, animaux résistants à la chaleur (brebis laitières
aveyronnaises, le soleil c’est leur cam !)
La sidération depuis mars avec ce conflit aux portes de l’Europe. En plus de la
violence qui s’en dégage, ses conséquences sur notre économie si fragile.. La encore cela
ne fait que renforcer nos convictions. Le prix du verre s’envole, nous avons une longueur
d’avance avec les consignes, maintenant aux consommateurs de jouer le jeu. Dans le
même ligne nous avons fait le choix de multiplier les produits en vrac sur les marchés. Le
coût de l’énergie explose, nous allons isoler au mieux notre cave et notre chambre froide.
Nous venons de signer un devis pour nous équiper de panneaux photovoltaïque destinés à l’autoconsommation. ça tombe bien notre saison de production s’étale d’avril et fin
septembre, nous bénéficierons d’un maximum d’ensoleillement.
Cette succession d’épreuves et de rebondissements ne fait que nous conforter sur
la pertinence de nos systèmes paysans.
Réactifs, nous sommes les plus à même de prendre des décisions rapides pour
adapter nos productions.
Polyvalents, nous ne mettons pas tous nos œufs dans le même panier et
trouverons toujours une branche à laquelle nous ratrapper.
Ecologiques, nous préservons notre environnement puisque c’est lui qui nous fait
vivre.
Indépendants, malgrè des financements bancaires et une dépendances au aides
PAC ce ne sont pas des technicien.nes qui nous dictent notre conduite.
Autonomes, nous produisons nous même l’aliment qui nourrira nos animaux et
bientôt une partie de notre énergie.
Locaux, implantés dans un territoire nous participons à sa vitalité et alimentons ses
habitants.
Valorisants, nous créons des emplois diversifiés à contrario de l’agro industrie
(chaines, intérim…).
Si nous devions illustrer le mot RESILIENCE, tant usé ces derniers temps ce serait
ainsi !
Pour terminer, la saisonnalité dans notre activité est vraiment cruciale. Nous
donnons tout au printemps porté par l’allongement des journées, la montée de sève dans
les arbres, la pousse des prairies. Un matin on remarque les premiers champs d’oiseaux,
l’activité s’emballe, les fleurs embaument les champs. L’arrivée de l’été marque un premier
ralentissement des ventes et de la transformation. Cependant les travaux de fenaisons et
les moissons nous occupent bien. Faire des provision pour l’hiver et l’année qui suit ça
commence dés ce moment là ! En aout, le commerce est en berne, il fait trop chaud, on
est mieux à l’ombre en famille. Septembre c’est la rentrée pour nous aussi, du monde à
nouveau sur les marchés. Les récoltes se poursuivent au jardin, dans les vergers, les
chemins creux (noix, cormes, chataignes…)
L’apaisement est arrivée avec l’automne et sa fraicheur. Nous sommes sur les
rotules mais devant nous quelques mois de répits; des vacances certes, dans quelques
semaines. Ne nombreux projets nous attendent pour l’hiver : plantations de haies, d’un
petit verger; des clôtures, du bois de chauffage, du bricolage … Tout cela à un rythme bien
plus cool évidemment.
topette, rendez vous en 2023 ou plutôt en l’an 7 ou en l’an 01?